Quand on parle de faire ensemble, les questions de participation, de légitimité de chacun, d'engagement, sont à prendre en compte
Avant de parler de la participation et des questions qu’elle pose, il est nécessaire de la définir : Elle correspond aux démarches, procédures éventuelles mises en oeuvre pour donner un rôle aux individus dans la prise de décisions les affectant.
Participer, c’est donc un engagement.
La participation pose plusieurs questions :
- Le rapport de pouvoir : entre commanditaires et participants
- La répartition claire des rôles, des enjeux, des limites de la participation
- La clarté de l’intervenant sur son positionnement vis-à-vis du groupe
- La qualification de la participation : quel statut ?
- L’importance de la conflictualité pour construire une perception commune
- Qui participe ? Les volontaires ? Tous ? Si on veut un regard pluriel, comment accueillir et permettre la pluralité, la place de l’autre ?
Mais elle est souvent disqualifiée :
On peut, à ce titre parler de la démocratie participative et représentative.
Il est parfois difficile pour des élus, des dirigeants de donner ce pouvoir. Par ailleurs, c’est souvent un travail de groupe, parfois compliqué qui consiste à construire un avis et un positionnement collectif après de nombreux débats. Cet engagement ouvre une forme de responsabilité collective qui parfois n’est pas prise en compte à la hauteur du travail réalisé. Un sentiment de ne pas avoir été écouté crée de la suspicion.
Participation oui, mais quand la participation remet en cause l’autorité, cela peut être difficile à accepter.
Un autre problème se pose lorsque l’on demande l’avis d’une population : les rapports de pouvoir des uns avec les autres qu’ils soient tacites ou non. Ce rapport de pouvoir peut influencer la parole amenant des peurs, retrait dans l’expression de certaines participants.
Les places, la légitimité:
La question de la participation pose la question des participants : quelle est la place de chacun ? comment dépasser les leaderships, porte-parole et permettre la pluralité pour une participation élargie ?
Pour répondre à ces problématiques il est nécessaire de permettre à chacun de se sentir légitime : on a le droit de s’exprimer de manière fragile, de balbutier, de ressentir des émotions autre que celles des autres. Permettre l’expression à partir de soi avec ses fragilités plutôt que d’exiger une parole qui correspond à une forme de norme dans laquelle tous ne rentrent pas.
Ainsi en tant que tiers animateur de la participation, il est nécessaire de prendre en compte ces différents aspects, et rester en questionnement permanent sur les places de chacun, sur la mobilisation et la démobilisation
Faciliter l’écoute au-delà de la fragilité :
Souvent la parole tue pendant des années a besoin d’accompagnement, on ne dit pas exactement ce que l’on voudrait dire. Elle commence avec des émotions et des mots maladroits. Il est donc nécessaire de les écouter pour permettre une compréhension et un accompagnement approfondi et adapté.
Développer la participation, c’est apprendre à écouter l’autre, se décentrer, lâcher avec son militantisme intérieur pour prendre la position de tiers.
Temps long de mobilisation et d’accompagnement de l’engagement
La participation ne se décrète pas. La mettre en place est un savoir-faire complexe, elle demande du temps pour qu’elle soit représentative de toutes les parties prenantes. Si nous avons chacun nos points de vue, rester tiers engagé en tant qu’animateur est un travail de chaque instant qui permet à la parole d’émerger dans sa fragilité.
La place des invisibles : Pour leur laisser une place et leur permettre de participer, Il est primordial de comprendre l’intérêt que pourraient avoir les invisibles à s’engager dans la participation, de comprendre les peurs, les enjeux sous terrains (place, légitimité, risque de se sentir humilié)
La participation est le plus souvent pensée par des « sachants », qui ne sont pas forcément prêts à faire le pas de côté pour faciliter la place de l’autre, accepter la parole fragile, les émotions non reconnues dans son groupe d’appartenance.
Développer la participation c’est accepter de se laisser déranger.