Les services d’hospitalisation à domicile sont en plein essor.
L’enjeu : permettre au patient de vivre chez lui tout en étant soigné par les différents professionnels de santé comme à l’hôpital.
Le patient se retrouve dans un contexte familial ou les proches sont à son chevet pour l’accompagner.
Les points positifs:
- Un contexte plus doux pour le patient qui ne vit pas au milieu de l’agitation de l’hôpital mais dans un environnement familier
- Une possibilité pour les proches d’être au coté du patient
- Un modèle économique beaucoup moins honéreux que l’hôpital.
Tout porterait à croire que l’hospitalisation à domicile (HAD) est l’enjeu de l’avenir. Pourtant, un élément n’est souvent pas pris en compte et crée des difficultés au quotidien. L’aspect contenant et sécurisant présent à l’hôpital n’est pas pensé en tant que tel pour l’HAD et questionne le modèle.
Par ailleurs le développement très rapide de l’HAD amène les structures à se centrer sur son expansion, d’avantage que de construire des équipes stables et engagées.
Ainsi les proches se retrouvent parfois épuisés et sous stress de devoir porter au quotidien un patient en souffrance. Ils doivent gérer les alertes pour appeler le service de soin qui, dans l’hôpital, est présent en permanence. Même si des outils sont mis en place (groupes de parole, café des aidants, …) il serait bon d’aller plus loin dans l’accompagnement des aidants et des soignants.
La question du collectif construit par les soignants est importante. Ils travaillent principalement à domicile et les lieux de rencontre, de transmission, d’analyse de leurs pratiques, de synthèse ne sont souvent pas suffisants au regard du temps passé sur les actes auprès des patients.
« Avant on s’appelait tout le temps »
« On est toujours sur le terrain, on ramène le terrain à la maison quand on fait des transmissions hors du temps de travail »
« Les transmissions sur le dossier du patient se font maintenant sur informatique ou par mail »
Faire collectif et manager les équipes de soignants est un élément essentiel à la mise en œuvre d’un accompagnement adapté. Beaucoup expriment une forme de solitude face aux patients. Eux non plus ne sont pas contenus par les système hospitalier. Le risque est de créer une juxtaposition de soins par des professionnels indépendants les uns des autres.
« On a plus de temps ni d’espace pour se voir et échanger. Avant on se voyait tous les midis. On voyait tout le monde. Maintenant c’est une fois par semaine et si tu ne travailles pas ce jours-là, tu n’y participes pas »
« On est seul au chevet du patient »
Deux éléments sont à prendre en compte et à structurer :
- Le contenant (projection des murs de l’hôpital dans ce qu’il crée de sécurité en constituant un point d’appui)
- L’appartenance à un collectif (sortir d’une succession de soins envers un patient pour former un collectif de soignants accompagnant dans une globalité pour le bien des patients et pour l’efficience du soin)
Des modèles d’accompagnement à domicile fonctionnent de manière positive, certains SESSAD (service d’éducation et de soin spécialisé à domicile) par exemple où les enfants porteurs de handicaps sont accompagnés, mais sont également invités à faire partie du collectif, où le projet de soin est co-construit entre patients, soignants et aidants et où les accompagnants sont structurés en équipes pluridisciplinaires.
Notre proposition :
- Constituer un groupe de travail composé à la fois de professionnels représentatifs, de cadres et d’aidants
- Développer l’écoute pour que chacun se rende compte des enjeux du collectif
- Confronter les représentations en prenant en compte le sentiment de solitude et les problématiques personnelles, les dépasser pour penser ensemble
- Construire des propositions collectives pour aider à se sentir appartenir et favoriser la relation triangulaire entre professionnels, aidants et patients